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La surpêche au Groenland, 1990


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— Regarde-moi ça ! Du maquereau, du hareng, du thon rouge ! On en a bien pour six mois ! C’est un miracle ! s’enthousiasme un pêcheur, admirant les paniers et les filets étendus sur le ponton du chalutier. 

— C’est un miracle ! Et la journée n’est pas encore finie. Je pense que vers le Nord, on tombera sur des milliers de poissons, renchérit l’autre pêcheur. 

— Il faut se méfier, le vent est monté et la mer s’agite. 

— Ne t’inquiète pas, juste un dernier filet par-là ! Et on rentre au port ! 

 

Et ce filet-là ! C’est le filet de trop, celui de la surpêche dans les eaux du Groenland. Le Groenland se réchauffe et les ONG s’inquiètent pour ces eaux tant convoitées. Les périodes de pêches sont plus longues. Entre les icebergs du Nord, c’est la ruée vers l’or. Les poissons abondent, et les filets de pêche débordent, pleins à craquer. Et l’homme participe de plus en plus à la surpêche et à la destruction de la faune maritime. Certaines espèces de poissons sont menacées de disparaitre si les gouvernements n’agissent pas. À la pointe de la technologie, les bateaux prélèvent des centaines de kilos de poissons par jour. La pêche est trop importante au Groenland. Elle est tellement rentable que tous les gros poissons ont été pêchés. Les pêcheurs ne récupèrent plus que les petits.

 

Sur terre, les chiens de traineaux se font de plus en plus rares pour la chasse et la pêche. Les bateaux sont bien plus utiles pour les habitants de Oqaatsut. Il fut un temps où les habitants utilisaient le traineau au mois d’octobre. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de glace. L’océan se réchauffe et des milliers d’espèces comme le maquereau, le thon rouge et la morue ont migré au large des côtes du Groenland. Certains pêcheurs regrettent le flétan, désormais difficile à trouver. Ce dernier aime les eaux froides. Mais avec le réchauffement climatique, que faire ? 

 

Le bateau de pêche a terminé sa journée. Il navigue calmement vers le port d’Oqaatsut en fendant les eaux cristallines. À bord, les petits poissons frétillent par milliers et les gros par centaines. Ils sursautent, se cabrent, se démènent. Plus qu’une vingtaine de minutes, et ils seront à l’agonie. Puis ils seront récupérés et frigorifiés par les villageois d’Oqaatsut. Ces poissons seront envoyés par le monde pour être vendus et consommés. Le Groenland nourrit une très grande partie de la population mondiale. Les villageois d’Oqaatsut s’enrichissent, et les mers du Groenland s’appauvrissent en poissons tous les jours.

 

Le lendemain, le chalutier repartira pour une autre pêche en pleine mer !

 

Alan Alfredo Geday

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