Je m’appelle Josh. C’est mon dernier jour. Demain, je sors de prison, et je serai enfin libre. Je récupèrerai les affaires personnelles que la police de l’Iowa m’a confisquées quand je suis entré dans cette foutue prison d’état. Ce n’est rien de très important, mais je ne compte tout de même pas les laisser au gouvernement américain. J’ai que ça à faire de leur laisser toutes ces bricoles de ma vie d’avant ! Premièrement, il y a mon flingue. Je n’ai jamais tué personne mais je m’en servais pour me défendre ou intimider quiconque me menaçait. Puis une chaîne en or que je portais autour du cou. Ils ne voulaient pas que je me suicide avec une chaine en or. En effet, j’étais au bord du suicide à mon arrivée, à savoir que je devais écoper de dix ans d’emprisonnement pour trafic de drogue et contrebande. Puis il y a la chevalière que mon père m’a donnée avant de mourir. Et mon portefeuille, où j’ai toujours gardé une photo de ma mère Grace. Comme je vous l’ai dit, j’étais un dealer de drogue pour les jeunes désaxés de l’état. Je vendais des drogues psycho-actives, comme on dit, du haschich, de l’héroïne et du LSD. Les jeunes voulaient planer, se prendre pour des artistes, délirer, rêver, sortir de ce monde. Mais j’en ai tué quelques-uns, pas directement, je ne suis pas un criminel, mais l’overdose, ça arrive comme ça, sans prévenir, et aujourd’hui je me sens coupable. Je demande à Dieu chaque jour de me pardonner.
Je me suis converti au christianisme en prison. J’ai appris que Dieu avait un fils unique qui s’appelait Jésus, soi-disant le Sauveur. Jésus n’a-t-il pas dit à Barabbas, le prisonnier crucifié à côté de lui, qu’il serait dans son royaume très bientôt ? Barabbas était un criminel, mais moi je n’ai jamais tué personne de mes propres mains. Je me suis repenti, et j’ai appris. J’ai lu des chapitres de la Bible tous les jours. Je pense que je l’ai lue entièrement. L’histoire des Anciens me passionnent, surtout Abraham et Moïse. La lecture est assez divertissante jusqu’à l’arrivée du Messie qui se dit être le fils du Dieu unique à toute la population de Samarie. C’était assez intense, et cette fois-ci, en sortant de prison, je réfléchirai à deux fois avant d’agir. C’est la raison pour laquelle j’ai collé un autocollant où est écrit « think » sur mon miroir. Quand j’étais un dealer, je fonçais la tête haute mais les yeux baissés. J’essayais de vendre la came le plus vite possible, et quand les banquiers me demandaient d’où venait le fric, je ne pouvais pas me justifier. J’ai même dû l’enterrer quelque part dans la forêt à l’abri des cochons, c’est-à-dire les flics. Malheureusement, ça aurait fait plaisir à ma mère Grace de récupérer tout cet argent. Mais la police de l’Iowa a fait main mise sur toutes les planques où j’ai caché des billets verts. Mais tout ça c’est du passé ! Demain matin, Grace vient me chercher, et je rentre à la maison prendre un bon bain chaud, déguster du chocolat, manger tout et rien. Je serai libre. J’aurai purgé ma peine.
Le dernier jour en prison ressemble à ça. Les prisonniers des cellules environnantes se mettent à hurler le nom de Josh. Ils sont fiers de ma sortie, c’est comme s’ils vivaient la liberté par procuration. Les prisonniers tiennent les barres de leur cellule et crient mon nom à longueur de journée. On entend des gobelets qui fusent dans tous les sens. Pourtant, je ne me suis pas fait beaucoup d’amis en prison. J’ai dû apprendre à me faire respecter par des gars qui n’avaient qu’une envie : me tabasser pour se défouler. Heureusement, je me suis fait des alliés assez vite, un copain m’avait conseillé d’intégrer une bande très vite, de trouver des protecteurs. Dans la chapelle de la prison, j’ai trouvé du soutien, une protection bien plus importante que mes nouveaux amis, un sens à ma vie. Je crois que j’étais aussi désaxé que les jeunes qui m’achetaient ma drogue. Au fond, je me reconnaissais dans ces types qui voulaient s’échapper. Mais aujourd’hui, je me sens responsable de ma vie. Je sais que mes actions comptent, que je devrai me justifier lors du Jugement Dernier. Demain, ce sera le premier jour du reste de ma vie. À partir de demain, je devrai mettre à exécution tout ce en quoi je crois désormais.
Alan Alfredo Geday