Les journalistes trépignent d’impatience. Ils ont l’honneur d’interviewer le roi du rock ‘n’roll, plus communément connu sous le nom d’Elvis Presley. On veut tout savoir sur l’homme qui fait salle comble, chavirer le cœur des jeune-filles et des plus belles femmes d’Amérique et danser toute une génération sur ses musiques provocantes et entêtantes. Il a le diable au corps et une voix exceptionnelle, il choque, il fait parler de lui, il a la carrure d’une star. Si Elvis Presley ne s’est jamais produit hors de l’Amérique du Nord, il ne cesse de faire trembler la planète et surtout le Commonwealth. Un brouhaha s’élève dans la salle, les microphones sont parfaitement alignés afin de recueillir la précieuse voix du roi. Elvis Presley ne va pas tarder à faire son entrée majestueuse. On se demande ce qu’il porte. Il aime surprendre, et son style est unique, mélange de panache, de glamour et d’excentricité. Est-il venu au bras d’une belle américaine de Memphis ? Les minutes sont longues quand tout à coup, un silence s’installe dans la salle. C’est le roi, c’est Elvis qui entre et s’assoit. Ainsi, il racle sa gorge, il est fin prêt à répondre aux questions des journalistes.
— Elvis Presley, le roi du rock ‘n’roll ! Merci beaucoup d’avoir accepté notre invitation, lance un journaliste. Avant toute chose, pourquoi cet habit militaire ? Est-ce un déguisement ou bien…
— Cet uniforme n’est pas un déguisement. J’ai un grand respect pour l’armée américaine. C’est la raison pour laquelle je porte cet uniforme qui représente beaucoup pour moi. Je le porte en mémoire d’une période importante de ma vie. En 1957, j’ai été appelé à servir la nation sous les drapeaux. La bannière étoilée m’a souri. Je n’étais qu’un simple soldat quand j’ai été affecté à la deuxième division blindée, où j’ai suivi l'entraînement de base à Fort Hood, au Texas. En août, alors que j’étais encore à Fort Hood, j’ai obtenu la permission d'urgence pour rendre visite à ma mère bien-aimée, qui était en mauvaise santé. Elle nous a quittés, que Dieu la protège. Ce fut un choc pour moi mais ça m’a donné le courage d’aller plus loin dans mon service à l’armée américaine. Donc ceci n’est pas un déguisement mais bien un uniforme militaire en soutien à notre armée…
— Merci pour toutes ces explications Elvis ! Mille merci ! Une autre question, dit un journaliste. Vous avez acheté une maison à Memphis dans le Tennessee. Que représente cette résidence pour vous ? Quel sens prend-t-elle dans votre vie ?
— Vous savez, je suis né dans la maison de mes parents à East Tupelo, dans le Mississippi, environ 35 minutes après mon frère jumeau, Jesse Garon, qui est mort-né. Il a été enterré dans une tombe anonyme quelque part dans un jardin de la ville. C’est un fantôme que je n’oublie pas. Moi je suis le survivant, et j’avais pour mission de faire honneur à ce cadeau, vous comprenez ? Survivre, c’est à la fois un cadeau et une responsabilité. Bref, j’ai grandi dans une famille pauvre. Mon père, Vernon, vivait de petits boulots puis il a été condamné à trois ans de prison pour avoir falsifié un chèque de 4 dollars. Quatre pauvres dollars, vous pouvez imaginer ? Puis, quand il est sorti, il a décidé de quitter Tupelo pour Memphis, à la recherche de meilleures opportunités, ou pour se faire oublier. Ou oublier lui-même sa misère. Enfin, il voulait se donner une nouvelle chance, je suppose. Là-bas, j’ai fréquenté la Humes High School, une école atroce. Tenez-vous bien, j’ai échoué à l’examen de musique ! Mais j’ai quand même fini par obtenir mon diplôme ! J’étais le premier de ma famille à être diplômé du secondaire ! Après ça, j’ai travaillé dans un atelier de machinerie et conduit un camion avant de lancer ma carrière musicale avec l'enregistrement de « That's All Right » en juillet 1954.
— Merci Elvis Presley ! Vos réponses sont concises et nous éclairent à nous sur beaucoup de propos et de doute à votre sujet… Elvis Presley, avez-vous le mal de mer ?
— Non pas du tout ! J’aime beaucoup la mer, l’océan, le large et l’horizon. J’ai payé cette année 55 000 dollars pour le Potomac, le bateau de 165 pieds de long qui a servi de « Maison Blanche flottante » à notre président Franklin Delano Roosevelt dit aussi FDR de 1936 à 1945.
— Ce bateau que vous avez acquis, n’est-il pas l’une de vos belles acquisitions ?
— Vous savez, ce n’est pas facile ! En plus du succès, j’ai donné beaucoup à des proches. Des voitures, des bijoux, des montres ! À des amis et des inconnus ! J’ai aussi fait des concerts de bienfaisance. L’un d’entre eux a rapporté 50 000 dollars pour l'achèvement du mémorial USS Arizona à Hawaï. Ce projet rend hommage aux plus de 1 100 hommes morts mort lors de l'attaque de Pearl Harbor en 1941. Ainsi, les billets du concert se sont vendus de 3 à 100 dollars, et ont permis de relancer la collecte de fonds pour le mémorial…
Alan Alfredo Geday