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Un empire technologique, 1935


Getty Images

 

Thomas John Watson est un homme d’affaires américain très discret. Aujourd’hui, personne ne connait vraiment son histoire. Et pourtant, il est à l’origine d’un empire de la technologie, d’un bijou de l’entreprise américaine, d’un fleuron de l’industrie numérique. : IBM. Il a adopté pour IBM le slogan « La paix dans le monde grâce au commerce mondial ».

 

Thomas John Watson est né en 1874 à Campbell, dans l’État de New York aux États-Unis. Il est le seul fils d’une fratrie de cinq enfants. Son père agriculteur travaille le bois, mais le jeune homme est plus ambitieux que ça. Au pays du capitalisme, l’offre du travail est plus forte que la demande. Et le jeune Thomas John Watson enchaîne les petits boulots tel que colporteur d’orgues et de pianos, ou vendeur de machine à coudre à Buffalo, dans le Nord. Un beau jour, fier d’une belle vente qu’il a accomplie, il se rend dans un saloon au bord de la route pour arroser sa victoire et fumer un cigare. Il s’enivre tant, qu’en sortant du saloon, il s’aperçoit qu’on lui a volé son cheval, son buggy et ses échantillons, juste sous sa barbe ! La compagnie Wheeler et Wilson de machines à coudre le licencie, et lui fait payer la perte de son cheval et des biens qu’il a perdus. Cette anecdote restera gravée dans l’esprit de ses employés quand il fondera IBM. Il y incorpora des règles très strictes dont l’interdiction de consommer de l’alcool.

 

Thomas John Watson devient boucher et se sert d’une caisse enregistreuse NCR avec laquelle il organise le transfert des paiements. Cette machine le fascine. Elle est pratique et efficace, et Watson se prend de passion pour ce petit bijou d’ingéniosité. Une idée lui vient alors à l’esprit : il veut vendre des caisses enregistreuses NCR ! Aussitôt dit, aussitôt fait, il se rend à la succursale de Buffalo pour rencontrer le directeur. Ce dernier le prend sous son aile et décide de lui enseigner les principes et les secrets de la vente, devenant un véritable mentor. Watson affirmera plus tard que personne ne lui a jamais autant appris, et qu’il lui en sera à jamais reconnaissant. Ainsi, près de nombreux échecs et de nombreuses déceptions, Watson devient finalement le meilleur vendeur de la côte Est, gagnant pas moins de cent dollars par semaine ! Alors, le jeune Watson est muté pour gérer la succursale de Rochester. Cette prestigieuse promotion lui permet de toucher une très haute commission sur la vente des machines NCR. Watson réussit et s’enrichit. Mais son appât du gain n’est pas sans conséquence, et il est poursuivi en justice pour pratiques commerciales anticoncurrentielles.

 

La NCR fusionne avec la CTR, une compagnie de calcul et de tabulation pour devenir IBM. Le directeur des sociétés nouvellement fusionnées promeut Thomas John Watson comme directeur général. Puis ce dernier devient président lorsque les affaires judiciaires liées à son passage chez NCR sont résolues. Il développe l’entreprise rapidement et sa côte de popularité ne cesse de croître. Thomas John Watson soigne les relations internationales pour faire d’IBM une multinationale fleurissante. Mais ses choix de collaboration feront scandale en 2001, lorsque ses échanges avec l’Allemagne nazie pendant la guerre seront révélés au grand jour. En effet, la société fournit du matériel de tabulation au Reich. Des cartes perforées servent de code-barres pour les êtres humains, et permettent d’identifier juifs, homosexuels ou ennemis du régime. Ses machines à cartes perforées se trouvent aujourd'hui au musée de l'Holocauste. Mais nul ne sait si Thomas John Watson était au courant de l’utilisation de sa technologie.

 

Alan Alfredo Geday

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